PROVENCE-ALPES-CÔTE D'AZUR - Eco-construction : LEADER comme levier de structuration d'une filière

Un point de départ : développer le territoire

« On s’est lancé sur le développement de la filière chanvre, à titre expérimental, et au départ sans moyens particuliers pour les agriculteurs, sur des terres qui n’étaient pas forcément les plus cultivables et avec des rendements plutôt médiocres au début. Mais en 2013, on a pu élargir cette démarche à sept exploitations, accumuler de la donnée et démontrer que certaines terres locales étaient propices au développement de la filière chanvre », raconte Fabien Harel. La même année, une usine de production d’isolant à base de chanvre s’installe sur le territoire, soit un investissement de 1,5 million d’euros. « L’usine s’approvisionne toujours dans le nord-est de la France mais nous travaillons avec elle pour qu’elle puisse de plus en plus trouver ses fournisseurs en PACA ». Puis, un deuxième volet d’actions est porté sur le Pays Gapençais. Le Comité d’expansion 05 recrute un ingénieur en bâtiment et élargit ses perspectives à la valorisation de la terre et de la chaux.

Un projet créateur d'émulation

Le dispositif LEADER a permis au projet de faire réseau avec de très nombreux acteurs : professionnels du bâtiment, agriculteurs, collectivités, acteurs de la formation ont pu être sensibilisés au projet. Une formation s’est créée au sein du GRETA des Alpes-de-Haute-Provence. De multiples démarches ont vu le jour, avec l’appui de la Chambre d’agriculture ou de la Région. « On a joué un rôle d’émulateur local », indique Fabien Harel. Et de fait, le projet fournit un lourd travail d’ingénierie et de méthodologie de structuration de la filière. En 2015, la création du centre régional de formation professionnelle à l’éco-construction, qui rassemble huit structures de formation, s’inspire du travail méthodologique de l’équipe de Fabien Harel. « On a décortiqué la filière, les différents métiers concernés par l’éco-construction, du semis jusqu’au chantier. L’enjeu était de différencier les étapes et les acteurs qui interviennent, de voir comment ils s’organisent sur le territoire pour capter un maximum de valeur ajoutée localement », explique-t-il.

[...] Surtout, Fabien Harel insiste sur la nécessité de développer des outils de financement adaptés, de type prêt à taux zéro, et que « l’Etat soit à l’initiative d’incitations financières », glisse-t-il. Il plaide aussi pour une réflexion plus large sur les filières locales des éco-matériaux. « La coopération avec d’autres territoires peut jouer un rôle important, pour que nous soyons plus forts face à des acteurs du bâtiment ou des matériaux comme Saint-Gobain ou Isover ».

Aujourd’hui, ce qui avait commencé comme un axe de la stratégie locale de développement du Groupe d'action locale (GAL du dispositif LEADER), a conduit à la structuration d’une filière éco-matériaux qui est devenue un véritable réseau d'acteurs, que Fabien Harel voit bien se prolonger sous la forme d'une coopérative qui fera croître la part de l’éco-construction sur le marché, toujours dans une logique de développement ancré sur le territoire.

Eco-construction en PACA : LEADER comme levier de structuration d'une filière

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